Le paradoxe argentin

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Posté par redac le 16 mars 2014
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D.R.

Traditionnellement, le Top 14 aime les Argentins et vice-versa. Depuis une quinzaine d’années, les clubs français, à l’image du Stade Français au début des années 2000, de Toulouse, Montpellier ou du Racing-Metro dernièrement, n’hésitent pas à miser sur des joueurs qui présentent de nombreux avantages. 

Très doués techniquement et robustes en mêlée fermée, ils présentent également un rapport qualité/prix imbattable sur le marché, en comparaison de leurs homologues de l’hémisphère sud. De son côté, le championnat de France leur a offert un formidable tremplin, au sein duquel ils ont pu s’aguerrir et faire progresser leur équipe nationale jusqu’à la troisième place de la Coupe du Monde 2007 et les deux défaites infligées à la France sur ses terres. Consécration également avec la présence depuis l’an dernier du 15 des Pumas au Four-Nations. Mais paradoxalement, ce qui devait constituer une nouvelle étape pour le rugby argentin pourrait à terme entrainer sa perte. Les dirigeants français risquent en effet d’être refroidis à l’idée de recruter des joueurs absents plus de huit semaines au cours de la saison, sans compter les matchs de l’automne.

Derniers exemples en date avec Bayonne et Oyonnax, qui hésitent à prolonger Fernandez et Amorosino à cause précisément de leurs absences plus que probables l’an prochain. Et le problème va se poser tous les ans. Or, sans la vitrine « Top 14 », le rugby argentin va se retrouver handicapé au possible. Des solutions sont envisageables, comme celle d’être recrutés par des franchises du Super Rugby, mais pas sûr que ces dernières en aient les moyens financiers. Les joueurs argentins risquent ainsi d’être confrontés à un dilemme de taille, à savoir rester au pays pour être sélectionnés, ou alors venir en France en renonçant à l’équipe nationale. A moins que certains soient prêts à consentir des sacrifices financiers. La fédération argentine prend ainsi depuis l’an dernier des joueurs sous contrat mais à des prix inférieurs à ceux pratiqués en Europe. Quoi qu’il en soit, le talent des Pumas semblent pour l’instant faire la différence, leur nombre étant à peu de choses près le même que l’an dernier en Top 14. Mais la situation pourrait changer. L’avenir du rugby argentin est quoi qu’il en soit en jeu ces prochaines années, surtout qu’une franchise argentine va intégrer le Super Rugby en 2016 et changer encore la donne sur le marché. 

Thomas Michel