L’oeil de l’expert (2/2) : Richard Dourthe

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Posté par redac le 25 novembre 2013
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D.R.

Comme chaque semaine, Rugby-Transferts donne la parole à un expert. Place à Richard Dourthe, ancien international et actuel manager de Dax. 

Vous entrainez l’US Dax depuis le début de saison. L’équipe est actuellement douzième mais a fourni de bons matchs notamment à Pau et Carcassonne. Etes-vous confiant pour la suite ?

« On travaille beaucoup et l’on essaye de progresser. Le travail à fournir est physique, tactique, technique, mais aussi psychologique. J’ai découvert un groupe marqué par ce qu’il avait vécu l’an  dernier. On disait que les jeunes étaient trop jeunes et que les plus vieux ne s’y filaient pas assez donc c’est compliqué. J’essaye de leur transmettre tout mon amour et mon envie. Etre au bord des terrains me manquaient réellement et je prends énormément de plaisir.  Il y a de quoi faire avec ces joueurs et je veux leur faire comprendre que chacun a un rôle à jouer. Si les mecs ressentent ça, ils auront envie de se battre sur le terrain. »

Le Top 14 a connu son premier week-end de doublon et certains, à l’image de Gonzalo Quesada, se sont plaints de cette situation. Qu’en pensez-vous ?

« Cette histoire de doublon, ça me fatigue. Chaque année ce sont les mêmes arguments. Depuis « 100 ans » on se plaint du calendrier et rien ne change. Après quand une équipe à 35 millions d’euros de budget, elle ne doit pas avoir de manque, sinon c’est que certains ont mal travaillé. Moi à Dax, notre budget, c’est 4 millions. Et bien, je fais contre mauvaise fortune bon cœur. C’est comme ça qu’on arrive à aller prendre un point de bonus défensif à Pau avec une équipe composée de jeunes de 18 ans. Il faut transmettre l’amour du sport et montrer à chacun qu’il peut apporter. Après il est évident c’est une situation délicate à gérer. Marc Delpoux, il allait à Toulon sans ses meilleurs éléments et il n’a pas l’effectif de Toulon ou de Clermont. »

On entend de plus en plus de joueurs affirmer qu’ils n’iront pas au bout de leur contrat en raison de leur temps de jeu jugé trop faible ? Le marché des transferts s’agite de plus en plus ? Quel est votre sentiment vis-à-vis de ce constat ?

« Certains joueurs sont mal entourés, c’est évident. Puis vous tombez sur un Bernard Laporte, qui est un mec que j’adore (si je suis parti à Paris, c’est pour lui), capable de vous « manger le cerveau », de le diriger, et de vous le rendre ! Après, il ne faut pas nous prendre pour des idiots. J’entends Alexis Palisson affirmer vouloir quitter Toulon il y a trois semaines et hier il voulait finir sa carrière là-bas. Puis beaucoup ne veulent plus se mettre en danger. Moi, j’en connais certains qui n’ont pas voulu venir à Dax car on ne leur offrait pas un salaire assez élevé ; ils sont actuellement chômeurs. Un des seuls à s’être mis en danger ces dernières saisons, c’est Yohann Huget. Il a quitté Toulouse pour rejoindre Agen, et quand il  est revenu à Toulouse après un passage réussi à Bayonne, il savait qu’il devrait faire face à une forte concurrence. Résultat ? Meilleur joueur français du dernier tournoi ! Quoi qu’il en soit, je ne crois pas que l’on dérive, parce que l’on a certaines valeurs inhérentes à notre sport. »

Propos recueillis par Thomas Michel