L’affection pour un club de rugby peut-elle résister à l’épreuve du temps, même lorsque le maillot que l’on défend change de couleurs?
Pour Patrick Sobela, la réponse à cette question sera mise à l’épreuve lors du match du 27 janvier, où il se retrouve face aux coéquipiers de son passé lyonnais, une rencontre aux allures de jugement du cœur autant que du terrain.
Sobela, le saumon contre son courant
Après cinq saisons avec le LOU, Patrick Sobela, 31 ans et natif de Yaoundé au Cameroun, a pris ses quartiers avec l’USAP. Le troisième ligne s’apprête à vivre un moment pour le moins singulier: retrouver le Matmut Stadium de Lyon, non plus en tant que joueur local, mais en visiteur, accompagné par ses nouveaux camarades perpignanais.
N’est-ce pas déroutant de changer de rive après tant d’années?
« Cela va me faire bizarre de me retrouver de l’autre côté »
Patrick Sobela
Confie Patrick Sobela, s’ouvrant sur ce qui ressemble à un véritable tourbillon émotionnel. Comment aborder cette rencontre lorsque chaque placage peut être contre un frère d’armes, chaque essai une douce trahison?
La passion, trait d’union entre le LOU et l’USAP
Si le professionnel doit faire abstraction de ses affects, l’homme, lui, ne peut renier ses années lyonnaises. Cependant, Sobela trouve dans son nouvel environnement des similitudes qui lui sont chères.
« Je suis un joueur plutôt physique, qui aime le combat et le contact »
Patrick Sobela
Raconte-t-il, trouvant dans l’ADN de l’USAP, un club réputé pour son affection des « soldats et des combattants », des échos de sa propre approche du rugby. Mais la transition ne s’arrête pas aux lignes du terrain. En dehors de la mêlée, le troisième ligne apprécie l’ambiance unique que lui offre Perpignan.
« Je sens que l’ambiance et l’atmosphère sont différentes ici »
Patrick Sobela
Souligne-t-il, mettant en lumière le chaud accueil des supporters et la bienveillance quotidienne qui, selon lui, diffère de Lyon.
Concurrence et ambition : Donner le meilleur de soi-même
Dans le sillage de ses réflexions, le joueur ne manque pas d’évoquer la concurrence à son poste et les défis techniques que pose la touche pour l’USAP. Une manière d’insister sur ce qui fait la force du rugby : l’humilité face aux défis constants et la nécessité de se surpasser à chaque nouvelle épreuve. Et quand il est question d’avenir, Sobela préfère se concentrer sur le présent, même si l’horizon de deux nouvelles saisons avec l’USAP se dessine déjà.
« Je suis venu pour le projet de Franck Azéma que je ne connaissais pas et j’aime son approche. À l’heure actuelle, je suis là pour honorer mes deux années »
Patrick Sobela
Confirme le joueur, faisant écho à une philosophie qui semble être le fil d’Ariane de sa carrière: engagement et passion.
Le cœur a ses raisons que le rugby connaît bien
Comme l’appréhension avant une grande aventure, Patrick Sobela attend ce match avec un mélange d’impatience et de nostalgie. Les souvenirs lyonnais brilleront certainement à travers les contacts rugueux et les accolades après-match. Mais sous le maillot de l’USAP, il promet de donner le meilleur de lui-même, en honneur du cadre catalan qu’il a appris à aimer.
Les tribunes, témoins de ces retrouvailles, risquent fort de vibrer d’une émotion particulière. Après tout, n’est-ce pas le signe d’une vie de rugby vécue avec la ferveur et l’authenticité de ceux qui comprennent que derrière chaque ballon, il y a bien plus qu’un simple jeu?
Photo : Icon Sport