Agression d’un jeune arbitre sur le terrain : le rugby amateur en état de choc

Stade Auguste-Delaune Toulon
Posté par Bruno Ibanez le 22 février 2024

Le rugby, un sport de combat certes, mais jusqu’où va la combativité quand elle quitte le terrain pour la violence gratuite ? Que s’est-il réellement passé à Toulon pour qu’un arbitre de 19 ans atterrisse à l’hôpital, victime d’un coup en traître ?

La scène est d’autant plus consternante qu’elle se produit dans un championnat amateur — où les valeurs de respect et d’esprit d’équipe devraient briller. Mais, hélas, dimanche dernier au stade Delaune, le match de Régionale 2 entre Le Las et Le Beausset a basculé dans l’inexcusable.

Ambiance électrique et geste scandaleux

Le ton était déjà monté lors d’un précédent affrontement entre ces deux clubs varois, où une bagarre générale avait éclaté. Cette fois, à seulement cinq minutes du terme de la rencontre, la tension a atteint son summum. Simon Lloret, le jeune arbitre en question, accordait une pénalité qui semblait sceller le score à 10-20 en faveur de l’équipe visiteuse. Il nous raconte:

« Je n’ai pas le temps de siffler une pénalité pour Le Beausset, que je me suis retrouvé par terre, KO! »

Simon Lloret

Un coup de poing venait de le faucher. Le joueur responsable, déjà connu pour des actes de violence sur arbitre et aujourd’hui exclu de son club, le RC du Las, et possiblement pour la vie du monde du rugby, a-t-il pensé aux conséquences de son geste ?

Un soutien inconditionnel, mais des cicatrices profondes

Simon Lloret, depuis cet incident, se débat avec des maux de tête, des vomissements et des troubles alimentaires. Pire encore, il évoque un traumatisme et confie son besoin d’assistance psychologique pour tenter de surmonter cette épreuve.

« Je suis traumatisé. Je ne peux pas aller sur un match faire ma passion et me faire frapper »,

Simon Lloret

Confie-t-il à nos confrères de France Bleu Provence. « Je ne me sens pas bien. »

Cette déclaration poignant nous renvoie à une question cruciale : quel avenir pour le respect de l’arbitrage dans le sport amateur ? Si ce n’est pas la première fois que des violences éclatent sur ou en dehors des terrains de rugby, le cas de Simon Lloret attire l’attention sur une préoccupante montée d’agressivité.

Frapper un arbitre, plus qu’une faute : un crime contre le jeu

L’agresseur a formulé des excuses, mais peut-on vraiment excuser l’inexcusable ? Les réactions comme celle de la Ligue Sud de Rugby qui condamne cet acte « le plus lâche » et se porte partie civile, démontrent une volonté de ne pas laisser de telles abominations ternir l’image du rugby.

Dans ce contexte amer, faut-il durcir les sanctions pour protéger les arbitres et préserver l’esprit du sport ? Car frapper un arbitre, c’est attaquer la justice du jeu, c’est refuser de reconnaître l’autorité qui permet au sport d’exister. C’est donc, à bien des égards, renier le jeu lui-même.

En tant que journalistes sportifs, nous devons poser un regard critique sur ces débordements, et soutenir le message qu’aucun sport, aucune passion, ne justifie la violence. Désormais, il nous tarde de savoir comment l’ensemble du monde rugby, des instances aux fans, répondra à ce défi crucial pour le respect de l’arbitrage et la dignité du sport.

 

Photo: Baptiste Fernandez/Icon Sport