Frédéric Guin
Juan Martin Hernandez arrivera à Toulon fin janvier. En effet, c’est sur le polyvalent trois quarts des Pumas que Mourad Boudjellal a misé afin de palier le départ de James O’Connor chez les Reds. Mais les Rouge et Noir font-ils le bon choix avec un joueur déjà âgé de 32 ans, qui vient de vivre plusieurs saisons mitigées ?
Il est vrai que si l’histoire d’amour entre « El Mago » et la France avait idéalement commencé, son passage au Stade-Français lui ayant permis de soulever le bouclier de Brennus et d’être considéré à l’époque comme le meilleur joueur de notre championnat par beaucoup, les choses se sont ternies par la suite. Après une pige en Afrique du Sud du côté des Sharks, Hernandez s’est laissé séduire par le projet du Racing-Metro. Mais entre les blessures, nombreuses, les doublons, fréquents, et une polyvalence qui lui a parfois desservi, baladé qu’il fut entre les poste d’ouvreur, de centre, et d’arrière, les années franciliennes ont sensiblement fait chuter la cote du joueur.
Oui mais voilà, Juan Martin Hernandez n’est pas un joueur « lambda. » Sur un crochet, une passe sautée, un petit coup de pied par-dessus, il peut mystifier la défense la plus hermétique. Il n’a jamais cessé de le démontrer sous le maillot des Pumas, comme lors du dernier test face à la France avec des chisteras dont il a le secret. Ses qualités devraient parfaitement se fondre dans le système prôné par Bernard Laporte et ses adjoints, basé sur les relances, le jeu devant la défense, et l’alternance. Le tout entouré d’immenses joueurs. Et les grands esprits se rencontrent souvent. Enfin, celui qui retrouvera à Toulon son capitaine en sélection, Juan Martin Fernandez Lobbe, aura l’avantage d’évoluer sans pression. Que ce soit à l’ouverture avec Giteau, au centre avec la paire Mermoz/Bastareaud, où à l’arrière avec Armitage et Halfpenny, les toulonnais sont armés. Loin d’être annoncé comme le sauveur, le natif de Buenos Aires n’arrivera surement pas avec une immense pression sur les épaules. D’autant qu’il est habitué, en bon argentin, aux ambiances un peu folles.
Enfin, l’air toulonnais réussit aux revanchards, Wilkinson et Juan Smith en tête.Sans oublier qu’Hernadez a réalisé un excellent Four-Nations. Dès lors, même si le pari n’est pas gagné d’avance, l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération a de grandes chances de laisser une trace sur la Rade, en particulier si un titre ponctue la saison. Et pourquoi pas la Coupe d’Europe, qu’Hernandez n’a jamais remporté, échouant en 2005 lors d’une finale homérique avec le Stade-Français face à Toulouse ? Le genre de défi capable de raviver la flamme des grands champions.
Hernandez va-t-il se relancer à Toulon ? C’est notre débat !
Thomas Michel